Le mauvais rêve de la filiale américaine de Patrick Drahi


L’homme d’affaires Patrick Drahi, fondateur de l’entreprise de télécommunications câblées et mobiles Altice Group, lors de l’inauguration de l’Altice Campus, à Paris, le 9 octobre 2018.

En entrant avec fracas dans les télécoms américains au milieu des années 2010, Patrick Drahi rêvait d’une aventure étoilée. La stabilité et les marges du métier de câblo-opérateur devaient lui permettre de rentabiliser les 27 milliards de dollars (25,3 milliards d’euros) dépensés en 2015 et 2016 pour acheter, à grand renfort de dette, Suddenlink et Cablevision, deux challengers des géants Comcast et Charter. Mais, depuis un an et demi, une nouvelle concurrence a douché son plan : en plus de l’arrivée de la fibre optique, technologie jusqu’alors peu déployée aux Etats-Unis, des opérateurs mobiles, comme T-Mobile US, filiale de l’allemand Deutsche Telekom, vendent des accès à Internet via la 5G, ce qui permet de couvrir des zones difficilement accessibles par des connexions filaires.

Avec ses publicités moqueuses envers Comcast et ses prix agressifs, T-Mobile US a lancé une vive compétition dans le secteur, pour le plus grand bonheur des Américains, lassés des défaillances du câble et de ses tarifs prohibitifs. La filiale de Deutsche Telekom, qui propose des accès à 50 dollars par mois, un montant au minimum deux fois inférieur à celui d’un abonnement fixe par câble, a gagné 2 millions d’abonnés dans l’accès Internet à la maison en 2022, dont une grande partie a été prise chez ses concurrents. Malgré un quatrième trimestre moins mauvais que redouté, Altice USA a ainsi perdu 134 000 abonnés résidentiels l’an dernier, selon des données dévoilées le 22 février. Conséquence : le chiffre d’affaires annuel de l’opérateur américain de Patrick Drahi a plié de 4,4 % et son résultat brut opérationnel a plongé de 12,7 %. Si l’on regarde le seul quatrième trimestre, les chiffres virent au rouge vif, avec une perte nette de 193 millions de dollars.

Pour déployer la fibre optique et garder ses clients, Altice USA a lancé un plan d’investissement. Mais cela lui coûte cher : 1,9 milliard de dollars en 2022, 700 millions de plus qu’un an auparavant. Et il prévoit de dépenser encore de 1,7 milliard à 1,8 milliard cette année, sans que cela suffise à inverser rapidement la tendance. Il faut s’attendre à un maintien de la pression sur les résultats en 2023, a reconnu la direction lors d’une conférence. Un effet ciseau inquiétant. Car, en gagnant moins d’argent, l’opérateur a moins de moyens pour rembourser sa dette, encore plus au moment où les taux d’intérêt remontent. L’endettement culminait, fin 2022, à 24,6 milliards de dollars.

Chute en Bourse de plus de 60 %

Pour faire entrer du cash, Altice USA a bien tenté, fin 2022, de revendre Suddenlink. Mais les recherches d’un repreneur n’ont rien donné. Aujourd’hui, selon Bloomberg, Altice USA chercherait plutôt un partenaire pour partager les coûts de déploiement de la fibre optique, comme AT&T a pu le faire, fin 2022, en créant une société commune avec le plus gros gérant d’actifs au monde, l’américain BlackRock.

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